Centrafrique : le pays, déjà par terre, se retrouve doublement enterré

mercredi 27 mars 2013

F. Serge Mbremandji, ministre vice-provincial de Tchad-Centrafrique, écrit aux frères (26 mars 2013) :

"Le pays va mal comme vous le suivez à travers les médias.
Le nouvel homme fort s’est auto-proclamé mais il y a encore du chemin à faire.
On enregistre encore des débordements de toutes parts : pillages, enlèvements, chasses aux sorcières ; malheureusement. Il y a eu beaucoup de dégâts matériels. Le pays déjà par terre, se retrouve doublement enterré. En ce qui concerne les frères, c’est surtout notre fraternité de Gofo qui a été la plus affectée. Les frères ont été "visités" plusieurs fois. (...) Les frères sont terrorisés, fatigués, stressés... Le Père Damiano, de la Province d’Emiglia Romagna, qui a eu la première visite lorsque nous étions en chapitre, est descendu une semaine à Bangui avant le dernier assaut du 14 mars, et se trouve en Italie maintenant.
En ce moment, nous avons encore 4 frères à Gofo : Valentino Vallarino, Antonio Triani (les deux italiens), Rolland Bawene (centrafricain) et Valentin Mbatmegue (tchadien).
Les abbés de Batangafo (10 km de Gofo) les a rejoint et ils sont ensemble pour témoigner leur proximité à la population qui vit cette souffrance. Les autres missions sont tranquilles. La fraternité de Bangui (Bimbo) n’est pas encore visitée pour le moment. D’autres communautés des pères et soeurs ont reçu des visites des gens de Seleka. Nos trois frères Christophe, Aristide et Martial sont là et nous sommes continuellement en contact avec eux.
A Bouar, plusieurs rumeurs ont laissé entendre une éventuelle venue de la Selaka. Mais jusque là, on ne les voit pas. En tout cas l’information a mis la peur parmi les soeurs de centre Bouar, lesquelles nous ont regagnés à St Laurent depuis dimanche soir : les clarisses, les soeurs de la charité, les soeurs polonaises du Centre d’accueil. Il y a un calme ici, même si la peur se lit encore sur les visages.
Nos fraternités de Bocaranga, Ndim, Ngaoundaye sont tranquilles.
Voilà frères d’une manière succincte la situation où nous vivons à répétition dans ce pays. Nous vous demandons de nous porter dans votre prière pour qu’il y ait une vraie paix dans ce pays."

De son côté, l’agence Fides parle de la situation des enfants en Centrafrique :
"Au cours de ces trois derniers mois de conflit en République centrafricaine, on estime à quelques 600.000 le nombre des enfants soldats impliqués. En outre, des communautés entières, contrôlées par les rebelles, n’ont pu utiliser les services de base (santé, école et approvisionnement en denrées alimentaires). De nombreuses écoles ont été fermées, privant d’instruction scolaire 166.000 enfants sachant par ailleurs que 13.500 mineurs risquent de souffrir de malnutrition suite aux difficultés rencontrées par les agences humanitaires pour parvenir dans les villages. Les enfants les plus vulnérables sont ceux qui ont été séparés de leurs familles, risquant ainsi d’être enrôlés dans les organisations militaires et paramilitaires. Selon les informations de l’UNICEF, depuis le début du conflit en décembre dernier, tant les groupes rebelles que l’armée régulière ont eu recours au recrutement d’enfants et, dès avant les révoltes, 2.500 mineurs faisaient partie de telles réalités." (AP) (Agence Fides 27/03/2013)