Une réflexion théologique sur les rapports entre catholiques et Juifs à l’occasion du 50e anniversaire de Nostra aetate

jeudi 4 février 2016

Promulguée il y a cinquante ans, le 28 octobre 1965, la déclaration conciliaire Nostra aetate, en recommandant « la connaissance et l’estime mutuelles » entre juifs et chrétiens, mettait fin à des siècles de ce que l’historien Jules Isaac avait appelé « l’enseignement du mépris ». Passée dès lors à « l’enseignement de l’estime », l’Église catholique s’engage désormais pour que « les chrétiens cherchent à mieux connaître les composantes fondamentales de la tradition religieuse » juive, selon le vœu de la Commission du Saint-Siège pour les relations avec le judaïsme émis en 1974.

Parlant aujourd’hui de « reconnaissance mutuelle », les responsables du dialogue judéo-chrétien en soulignent les grandes étapes : rejet de la théologie de la substitution quand Jean-Paul II, en 1980 à la synagogue de Mayence, soulignait que l’Alliance avec le peuple juif « n’a jamais été dénoncée par Dieu », visite du pape polonais à la synagogue de Rome en 1986, puis celle de son successeur Benoît XVI en 2010. Lors de la première, Jean-Paul II parlera des juifs comme nos « frères aînés », tandis que son successeur saluera « nos pères dans la foi ».

Sous le pontificat de Jean-Paul II, le pape allemand avait d’ailleurs joué un rôle décisif en faisant publier par la Commission biblique pontificale, en 2001, l’important document Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne, qui souligne notamment combien les Écritures sacrées du peuple juif sont une « partie fondamentale de la Bible chrétienne ». Comme le relevait, début décembre, la Commission pour les relations avec le judaïsme dans une longue réflexion sur les relations judéo-chrétiennes, cinquante ans après Nostra aetate, « la foi des juifs attestée dans la Bible, que l’on trouve dans l’Ancien Testament, n’est pas pour les chrétiens une autre religion, mais le fondement de leur propre foi ».

Ainsi, en un demi-siècle, « indifférence et opposition se sont muées en collaboration et bienveillance ; d’ennemis et étrangers, nous sommes devenus amis et frères », pouvait rappeler le pape François lors de l’audience générale interreligieuse qu’il tenait le 28 octobre dernier pour l’anniversaire de Nostra aetate, un texte qui disait clairement « oui à la redécouverte des racines juives du christianisme et non à toute forme d’antisémitisme ».

(Source : journal La Croix

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