Intervention de Fr. Hubert Calas, lors de la célébration à l’occasion de la fermeture du couvent d’Annecy, le 28 octobre 2012.
"Merci à vous tous pour votre présence amicale en cette célébration de ce matin. Merci particulièrement au père Emmanuel Blanc, vicaire épiscopal, venu représenter monsigneur Yves Boivineau. En effet, lorsque je l’ai informé de la date retenue pour cette célébration, Monseigneur m’a dit aussitôt qu’il n’était pas libre mais qu’il enverrait quelqu’un pour le représenter.
Nous vivons aujourd’hui un moment que nul parmi nous ne souhaitait vivre. Mais dans la vie d’une personne, d’une famille, d’une institution, il y a toujours de ces moments qu’on ne souhaite pas vivre. Ainsi lorsqu’on prend de l’âge, il faut bien se rendre à l’évidence que nous-mêmes ou nos proches n’avons plus les mêmes capacités et que les forces diminuent. Et ces réalités, il faut les vivre et les vivre au mieux. Avec réalisme. Ce sont des passages ! N’oublions pas que nous-mêmes, nous sommes de passage en ce monde. Et si nous regardons l’histoire de nos vies ou du monde qui nous entoure, nous voyons bien qu’il y a un temps pour tout comme dit Qohélet : un temps pour naître, un temps pour mourir, un temps pour ouvrir une maison et un temps pour la quitter. Des temps de joie, mais aussi des temps de peine.
Tout le monde peut comprendre pourquoi nous quittons cette maison. Nous y sommes contraints par le manque de frères et de frères valides. C’est la seule raison !
Ce n’est pas sans réflexion que nous prenons ces décisions et parfois nous tardons trop à quitter une maison au risque de faire porter des situations bien difficiles pour des frères âgés. Des maisons devenues trop grandes pour nos frères et pour nos forces.
Je dois dire cependant que nous sommes heureux d’avoir quelques jeunes frères en formation mais leur petit nombre actuel ne peut compenser la disparition des anciens ni porter le poids de grandes maisons. Je ne suis pas prophète, mais je pense que dans les années à venir, leur manière de vivre leur vocation franciscaine sera certainement différente de celle que nous avons connue. Ils vivront certainement dans de petites fraternités au milieu des gens.
Comme vous savez, cette célébration est donc la dernière que nous assurons dans cette chapelle. Les frères encore présents, vont quitter la maison dès les jours prochains pour rejoindre d’autres fraternités.
Que va devenir cette maison ? Je pense que tout le monde à Annecy sait que la Mairie porte intérêt à cet espace et à cette maison. Des délais de réflexion et d’études font que nous espérons une solution, une décision la plus prochaine possible.
Ces informations données, je souhaite que cette célébration soit une action de grâces, un moment pour rendre grâces à Dieu pour tout ce qui s’est vécu ici, dans, autour et à partir de cette maison, de cette chapelle, de cette présence de nos frères durant 140 années. Oui, nous rendons grâces à Dieu pour les frères que nous avons connus mais aussi pour tous ceux qui nous ont précédés. Ils ont été au service de l’Église diocésaine de bien des façons. Mais bien des frères ont aussi ont été missionnaires au loin. Des frères Capucins de Savoie sont allés au Sud du Brésil et ont fondé les Capucins au Brésil. Trois frères brésiliens sont parmi nous en ce moment en France. Par la suite, dans les années 1950, d’autres frères sont allés en Centrafrique dans la région qui est devenue le diocèse de Berberati et de Bouar…
Je veux donc dire merci à l’Église diocésaine d’Annecy qui nous a accueillis et merci à tous les nombreux amis, présents et passés, membres ou non des fraternités franciscaines, qui nous ont aidés ou qui ont collaboré avec nous. Ils ont été missionnaires avec nous, ici et ailleurs au loin. Ils ont vécu en Église avec nous. Merci pour toute l’amitié reçue et donnée !
Nous venons d’entrer dans l’Année de la foi et nous entendons parler de nouvelle Évangélisation pour annoncer l’Évangile au monde d’aujourd’hui, en pleine et nouvelle évolution de notre société. Il nous appartient de vivre ces passages, douloureux certes, que sont les départs de communautés, avec Foi et Espérance, précisément en cherchant à les vivre avec le dynamisme qui doit être le nôtre, Chrétiens de 2012, au cœur des situations du monde et de l’Église qui sont les nôtres aujourd’hui !
En terminant je veux citer cette parole de saint François. Saint François au moment de sa mort a dit aux frères qui l’entouraient, dans la peine et douloureux : « J’ai fait ma part. Que le Seigneur vous apprenne à faire la vôtre ! » Accueillons, et vivons cette parole de saint François pour vivre en chrétiens, en disciples de Jésus-Christ, aujourd’hui et demain, avec joie et ardeur, de façon à faire chacun notre part, tant qu’il fera jour pour chacun de nous ! Merci de votre écoute et célébrons à présent l’Eucharistie qui nous rassemble."
Fr. Hubert Calas, Annecy, 28 octobre 2012.