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Pour que soient encore plus grandes
la honte, l’ignominie,
l’humiliation et la douleur,
c’est hors de la porte, là où l’on punit les scélérats,
en un jour solennel, à l’heure de midi
et au milieu des larrons
que l’agneau innocent est élevé en croix
comme pour un spectacle,
alors que pleurent ses amis et que ses ennemis l’insultent.
En effet
« ceux qui passaient secouaient la tête »,
et ceux qui demeuraient l’accablaient d’insultes en disant :
« Il a sauvé les autres, et maintenant il ne peut se sauver lui-même ».
L’un des deux larrons ne s’est pas,
lui non plus, abstenu de se moquer,
alors qu’avec une douce compassion
l’agneau très doux s’adressait à son Père
pour ceux qui le crucifiaient et se moquaient
et qu’avec une très généreuse charité
il promettait le paradis
au larron qui avouait et le suppliait.
O parole toute de douceur et de pardon :
« Père pardonne-leur » !
O parole toute d’amour et de grâce :
« Aujourd’hui tu seras avec moi en paradis » !
Ame,
aussi pécheresse que tu sois,
respire maintenant dans l’espoir du pardon,
si toutefois tu ne crains pas
de suivre les traces du Seigneur ton Dieu qui souffre pour toi :
en toutes ses afflictions,
il n’a pas une seule fois ouvert la bouche,
pour adresser la moindre parole
de plainte, de justification,
de menace ou de malédiction
contre ces chiens maudits,
mais il a, tout au contraire, répandu sur ses ennemis
une parole de bénédiction nouvelle,
telle que les siècles n’en avaient jamais entendue.
Dis avec beaucoup de confiance :
« Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi,
car mon âme s’est confiée en toi » ;
Peut-être alors, mériteras-tu,
comme le larron repentant,
d’entendre au moment de mourir :
« Aujourd’hui tu seras avec moi en paradis ».