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Entre tous les souvenirs du Christ
le plus digne d’un rappel spécial
c’est évidemment le dernier repas de la très sainte Cène
durant lequel ce n’est pas seulement
l’agneau pascal qui est offert à manger
mais aussi le véritable agneau immaculé,
qui enlève les péchés du monde,
qui est offert en nourriture
sous l’espèce d’un pain
renfermant tous les délices et la suavité de toutes les saveurs.
En ce même repas l’étonnante douceur de bonté du Christ a brillé,
lorsqu’il a diné à la même table et au même plat,
avec ces petits pauvres, ses disciples, et Juda, le traitre.
Un étonnant exemple d’humilité a resplendi,
lorsque le roi de gloire, ceint d’un linge,
a lavé avec beaucoup de soin
les pieds des pêcheurs et même du traitre.
Une étonnante largesse de magnificence s’est montrée
lorsqu’il a donné à ces premiers prêtres
et par conséquent à toute l’Église et au monde entier,
son corps très saint et son sang véritable
en nourriture et breuvage
afin que ce qui allait bientôt devenir
un sacrifice agréable à Dieu
et le prix inestimable de notre rédemption
soit notre viatique et soutien.
Enfin, un excès d’amour y a brillé
lorsqu’aimant les siens jusqu’au bout,
il les a, d’une si douce exhortation, affermis dans le bien,
en avertissant Pierre de manière spéciale pour fortifier sa foi
et en offrant à Jean, sa poitrine comme lieu sacré de joyeux repos.
O que tout cela est étonnant et rempli de douceur,
du moins pour l’âme invitée à un repas si fréquenté,
qui y court de toute l’ardeur de son esprit,
afin de pouvoir s’écrier avec le prophète :
« Comme le cerf soupire après les sources des eaux
ainsi mon âme soupire après toi, Dieu ».