Jésus soleil pâli par la mort


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Enfin, lorsque l’agneau innocent,
qui est le vrai soleil de justice,
eut été suspendu en croix l’espace de trois heures,
et qu’au même moment, le soleil visible
Pris de compassion pour son auteur
Eut occulté les rayons de sa lumière ;
tout étant déjà consommé,
à la neuvième heure,
la source elle-même de la vie fut asséchée,
lorsque Jésus, l’homme/Dieu
« avec un grand cri et des larmes »,
pour manifester son affectueuse compassion
et déclarer la puissance de la Divinité
remit son esprit dans les mains du Père et expira.

Alors le voile du temple fut déchiré de haut en bas,
la terre trembla, les pierres se fendirent et les tombeaux s’ouvrirent.

Alors le centurion lui-même sut qu’il était vrai Dieu.

Alors ceux qui étaient venus au spectacle et pour l’insulter,
s’en retournaient en se frappant leur poitrine.

Alors « le plus beau des enfants des hommes »,
les yeux éteints et les joues toutes pâlies,
apparut défiguré pour les fils des hommes,
devenu un holocauste de très suave odeur
présenté à la gloire paternelle,
pour détourner sa colère de nous.

« Regarde » donc, Seigneur, Père saint,
« de ton sanctuaire et du haut des cieux ta demeure »,
« regarde, dis je, la face de ton Christ » ;
regarde cette hostie sacrosainte,
que notre Pontife t’offre pour nos péchés,
et « laisse-toi fléchir la méchanceté de ton peuple ».

Et toi, homme racheté,
considère la grandeur et la qualité de celui
qui pour toi est suspendu à la croix,
dont la mort vivifie les morts,
dont le ciel et la terre pleurent le trépas
et pour qui les pierres dures se brisent
par une compassion quasi naturelle.

O cœur humain,
plus dur que ne le sont toutes les pierres,
lorsqu’à l’évocation d’une telle expiation
tu n’es ni frappé de terreur ni touché de compassion
ni brisé de compassion ni attendri de piété !



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