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Alors que sous l’empire de César Auguste
le silencieux repos de la paix universelle
rassérénait si bien les siècles jusque là troublés,
que, par édit, l’univers était dénombré,
il arriva, par le soin de la divine providence,
que Joseph, l’époux de la Vierge,
conduisit en la ville de Bethléem
la jeune fille enceinte, qui était de lignée royale.
Et, neuf mois s’étant écoulés depuis la conception,
le roi pacifique sortit du sein virginal comme l’époux de sa chambre nuptiale,
mis au jour ainsi, sans aucune altération
comme il avait été conçu sans infection de sensualité,
lui
qui était grand et riche,
devenu petit et pauvre pour nous,
il choisit
de naître hors de sa maison dans un gîte,
d’être enveloppé de langes, nourri de lait virginal
et d’être couché dans une mangeoire entre un bœuf et un âne.
Alors brilla sur nous le jour
de la rédemption nouvelle, de la réparation antique et de la félicité éternelle ;
Alors, à travers le monde entier, les cieux devinrent melliflus.
O mon âme !
Embrasse donc maintenant cette divine mangeoire,
afin d’apposer tes lèvres sur les pieds de l’enfant
et de redoubler tes baisers.
Ensuite, repasse en ton esprit la garde de nuit des bergers,
admire l’armée des anges qui accourt,
mêle ta voix aux partitions de la céleste mélodie
en chantant de cœur et de bouche :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
et sur terre, paix aux hommes de bonne volonté »