Le Christ, source de joie


Comme saint François, par la joie qui rayonne de sa vie et de ses écrits, sainte Claire a été témoin de l’Évangile, Bonne Nouvelle. Pourtant ni François, ni Claire n’ont cherché la joie pour elle-même. Ils ont cherché le Christ, et c’est dans la communion au Christ qu’ils ont trouvé la joie.
Rien d’étonnant à ce que Claire et François aient été des saints joyeux : tout l’Évangile dont ils s’imprégnaient jour après jour, rayonne de joie, depuis le “Réjouis-toi Marie“ de l’Annonciation, jusqu’à la joie des disciples retrouvant Jésus vivant après sa passion et sa mort. Ce qui est surprenant, c’est que la joie de François et de Claire ait atteint une telle plénitude au milieu de tant de renoncements et de souffrances. Essayons de saisir quelque chose de leur chemin de joie.

Premiers pas

Sur le plan de la Foi, Claire a eu une enfance privilégiée ; glanons quelques phrases dans sa biographie par Thomas de Celano. “ Des lèvres de sa mère, elle reçut, avec un cœur docile, les premiers éléments de la foi… Son occupation préférée était la prière”.
Le biographe qui tient ses informations de témoins oculaires note aussi : “Spontanément, elle étendait la main vers les pauvres et utilisait ses richesses pour soulager la misère d’un grand nombre. Afin de rendre son offrande plus agréable à Dieu, elle se privait elle-même de plats fins qu’elle faisait porter en cachette à de pauvres orphelins ; elle possédait une âme sensible aux misères d’autrui et prenait pitié des souffrances des malheureux.” ( Thomas de Celano. Vie de Sainte Claire 3 )
Les débuts de François ont été différents... Il fut ce que nous appellerions aujourd’hui, un “recommençant” ou un “converti.” On disait à son époque “un pénitent”. Une vingtaine d’années plus tard, il note ses souvenirs : "Voici comment le Seigneur me donna, à moi, frère François de commencer à faire pénitence. Au temps où j’étais encore dans les péchés, la vue des lépreux m’était insupportable. Mais le Seigneur lui-même me conduisit au milieu d’eux ; je les soignais de tout mon coeur ; et au retour, ce qui m’avait semblé si amer s’était changé pour moi en douceur pour l’esprit et pour le corps.” (Testament de St François 1 - 3)

Il se donne à vous tout entier

Ces actes d’amour gratuit, ne sont qu’un début, mais un début décisif : En commençant à donner et à se donner gratuitement, Claire et François se sont mis sur la longueur d’onde qui permet d’entendre en clair le message du Christ. “L’amour vient de Dieu, nous dit Saint Jean. Quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. Celui qui n’aime pas, ne connaît pas Dieu puisque Dieu est Amour.” (Jn 4, 7 - 8 ) Dans la fondation des “frères mineurs” et des “pauvres dames”, Claire et François donnent entièrement leur vie au Seigneur en même temps qu’à leurs frères et sœurs, la pauvreté étant le symbole de cette totale désappropriation. L’Esprit Saint qui est l’Amour personnifié les met en connaturalité avec le Christ. "Voyez, frères, l’humilité de Dieu et faites-lui l’hommage de vos coeurs... Ne gardez pour vous rien de vous afin que vous reçoive tout entier Celui qui se donne à vous tout entier.” ( Lettre à tout l’Ordre 28 - 29).
C’est de cet amour - don de soi à l’autre - que surgit la joie, fruit de l’Esprit-Saint (Ga 5, 22). François en avait fait une première expérience dans le soin des lépreux : “Ce qui m’avait paru si amer s’était changé pour moi en douceur pour l’âme et pour le corps.”

"Ceux dont la volonté s’est éprise totalement du Christ et ne s’attachent qu’à Lui, ceux pour qui, il est tout ce qu’ils veulent et ce qu’ils désirent, et tout ce qu’ils recherchent, trouvent dans le Christ leur véritable accomplissement et leur vrai bonheur.”
Nicolas Cabasilas

Amour et joie dans la Croix.

“Que les sœurs - et les frères - se gardent de l’orgueil, de la vaine gloire, de l’envie, de l’avarice, de la médisance, du murmure, de la discorde et de la division”, recommandent Claire et François dans leur règle.(Règle de Ste Claire, 10, 4, reprise de la règle de St François).
L’égoïsme, l’âpreté au gain, la violence que nous déplorons dans notre société post-moderne, François et Claire les ont connues chez leurs contemporains, même si elles se manifestaient sous d’autres formes qu’aujourd’hui. La présence du mal ne les a pas découragés, mais renforcés dans leur décision de vivre suivant la forme du Saint Évangile. Assidûment, ils ont contemplé le Christ Crucifié-ressuscité. En communion avec Lui, ils ont opposé à la violence du mal, la puissance de l’Amour.
Juste avant de se livrer librement à sa Passion, Jésus disait : “J’ai obéi aux commandements de mon Père et je demeure dans son Amour. De la même façon, si vous obéissez à mes commandements, vous demeurerez dans mon Amour. Je vous ai dit cela pour que vous ayez en vous ma joie et que votre joie soit complète. Voici mon commandement : Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés." (Jn15,10- 12).
François et Claire n’ont pas cherché la joie pour elle-même.
Ils n’ont pas, non plus, cherché la souffrance pour elle-même.
Ils ont cherché passionnément à répondre à l’Amour du Christ.
Dans cet Amour, ils ont trouvé la joie : la joie qui passe par la Croix, et qui demeure.

Fr. Marcel Connault