Le frère Rupert et "Les bijoux de la Castafiore"


Le frère Rupert, capucin de Verviers (Belgique), était un ami d’Hergé. Le journal "La Meuse" racontait en avril 2009 l’histoire d’une planche du célèbre dessinateur de Tintin, qu’il aurait donnée au frère Rupert.

Vous avez sans doute entendu parler de cette planche des "Bijoux de la Castafiore", vendue pour 315 000 euros... Mais vous ignoriez peut-être que ce chef d’œuvre avait été donné par Hergé à un Vierviétois ! Plus précisément un frère Capucin, le frère Rupert. Celui-ci, aumônier des Tziganes à l’époque, aurait permis à l’auteur des aventures de Tintin, de glaner des informations sur les romanichels. Or, "Les bijoux de la Castafiore" traitent justement de ces nomades, dont Hergé semblait presque tout ignorer, avant de rencontrer le prêtre verviétois.

Réalisée en 1963, la planche originale est un véritable trésor. "Il ne serait pas étonnant que l’auteur en ait fait don au frère Rupert pour remercier celui-ci. Mais même s’il s’agit là de l’hypothèse la plus probable, rien n’est vérifiable, les deux hommes ayant emporté ce secret", rapporte-t-on à la Fondation Hergé.

Le couvent où résidait le frère Rupert se trouvait en Pré-Javais. Il n’existe plus. C’est donc à Pépinster, à Ayrifagne, que la communauté religieuse a déménagé. Près de la chapelle de la confrérie de saint François, c’est le frère Michel qui se souvient avoir connu le frère Rupert, disparu en 1982. "C’était un homme jovial, toujours prêt à se couper en quatre pour défendre les romanichels, comme Hergé les appelle dans son album. Il savait raconter les histoires et aimait à relater cette anecdote :"J’ai inspiré à Hergé l’idée d’aborder le monde des gitans dans une de ses histoires mettant Tintin et Milou en scène". En fait, se souvient frère Michel, il se serait plaint à Hergé de la mauvaise réputation qu’avaient les gens du voyage auprès de la population sédentaire. Avec son talent de persuasion, le frère Rupert lui aurait même soutiré la promesse de leur donner le beau rôle afin de redorer l’image de ses protégés. Une promesse que le père de Tintin n’a pas manqué de tenir dans les Bijoux de la Castrafiore".

Alain Demaret

Le frère Rupert était donc un des amis d’Hergé. C’est en 1938 qu’il est arrivé à Verviers où il rejoint le couvent que les Capucins possèdent au Pré-Javais. Il est nommé aumônier des Tziganes, des forains et des romanichels en 1953. A plusieurs reprises, il se rend aux Saintes Maries de la Mer, lieu de pèlerinage incontournable des gitans.

Le frère Michel se souvient de ce frère toujours prêt à défendre les gens du voyage :"Il avait coutume de dire qu’un gitan ne vole pas, il chine... mais ça c’est une autre chose".

André Fontaine, c’était son nom, était un joyeux drille qui aimait les gens simples. Il était apprécié des gens du voyage et sa réputation dépassait largement les frontières. Il connaissait particulièrement bien ce monde très fermé et a pu offrir un maximum d’informations et même, peut-être, une porte d’entrée à Hergé...