Edition bilingue (français-latin) de l’Arbre de vie de saint Bonaventure, traduit par André Ménard.

L’Arbre de vie est un livre de méditations sur la vie du Christ écrit autour de 1260 par Bonaventure alors Ministre général des Frères Mineurs. 1260, c’est la date du chapitre général de Narbonne, la promulgation des Constitutions générales des Frères Mineurs et le mandat donné à Bonaventure d’écrire une nouvelle vie de saint François. C’est dire qu’à travers ces 48 méditations Bonaventure concentre le regard des Frères Mineurs sur celui qu’ils ont promis de suivre jusqu’à pouvoir dire avec François à la suite de saint Paul, « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ».

Le Christ ici présenté à notre méditation est celui des Écritures, – tout particulièrement celui des Évangiles, – qui forment la toile de fond des compositions bonaventuriennes, celui aussi que la foi de l’Église propose à notre contemplation et à notre imitation. La composition bonaventurienne nous rappelle que le Christ Crucifié, véritable centre caché du monde, n’est pas, au point culminant de son offrande pascale, sans origine ni sans destinée, mais l’authentique et efficient « récapitulateur » de l’aventure humano-divine. Venant de Dieu, Fils de Dieu et l’un de nous, Jésus nous incorpore à lui, pour nous reconduire jusqu’au Père.

Le style de ce bref opuscule reflète bien la concision bonaventurienne, où l’absence de bavardage concentre le regard de l’intelligence et du cœur sur le mystère christique afin de nous enflammer d’un amour intense pour le Crucifié. Dans l’Itinéraire de l’âme vers Dieu Bonaventure rappelle qu’ « il n’y a pas d’autre chemin qu’un amour très ardent du Crucifié ». Il nous fournit ici de quoi alimenter une authentique passion pour le Christ ressuscité dont l’étendard victorieux reste à jamais marqué du signe de la Croix. Le titre de l’opuscule tient à ce que Bonaventure demande au méditant de se constituer une sorte de mandala intérieur en se représentant l’ensemble des mystères du Christ sous la forme d’un arbre, afin de garder toujours une vue d’ensemble, jusque dans l’arrêt contemplatif sur l’un ou l’autre moment de l’existence filiale et fraternelle d’un Jésus capable non seulement de nous étonner et de nous donner à penser, mais aussi de susciter en nous le désir de lui emboiter le pas…

André Ménard