Le frère Eric Bidot, Ministre provincial des Capucins de France, a été l’un des invités de la « Session Laudato Si » organisée cet été à Paray-le-Monial par la Communauté de l’Emmanuel. Il revient sur cette expérience forte de fraternité, dans les pas de saint François d’Assise, qui était proposé aux retraitants comme modèle de « conversion vers le Christ » tout au long de la semaine.

– Claire Riobé, Journaliste

« Une énergie, une simplicité, une joie magnifique ! ». C’est par ces mots que le Frère Eric Bidot décrit son immersion dans cette « Session Laudato Si », une retraite spirituelle innovante pour Paray-le-Monial (Bourgogne-Franche-Comté), organisée du 8 au 13 août 2023. L’écologie et la fraternité, plus que jamais d’actualité, étaient le cœur de ce parcours conçu comme un « chemin de conversion vers le Christ », dans les pas de la célèbre encyclique du pape François et de la figure de saint François d’Assise.

Saint François, figure de « liberté » et de « radicalité »

La journée du 11 août, à laquelle était invité le Capucin, succédait à trois jours de prière, de formation et d’ateliers, animés par des intervenants variés. Son but ? Faire entendre plus profondément aux participants le besoin d’une conversion intégrale, en questionnant leur propre rapport à l’Autre et à la Création. Dans cette optique, « il a paru intéressant aux organisateurs que la figure de saint François d’Assise soit associée à cette session, qui souhaite articuler l’engagement personnel et la réflexion sur les enjeux climatiques », relate Frère Eric.

Qui de mieux en effet que François d’Assise, auteur du célèbre Cantique des Créatures, saint patron des écologistes depuis 1979, pour guider petits et grands dans cette démarche de conversion intérieure ? Le Poverello italien, qui a lui-même vécu une conversion personnelle l’ayant poussé à quitter sa famille, puis à s’engager sur un chemin de pauvreté radicale, ne peut que questionner notre rapport à la société actuelle. « François est un homme vif, vif dans l’intuition, qui s’apercevait de tous les décalages à son époque en lui et parmi ses frères », estime Frère Eric. « Il peut bien sûr nous faire un peu peur, face à un engagement radical. Mais de fait, j’aime beaucoup cette expression de Benoit XVI qui dit : « Les saints mettent en musique la partition de l’Evangile ». François a agi comme cela. » Jean-Régis Catta, membre de la Communauté de l’Emmanuel et participant à la Session Laudato Si, témoigne de son côté : « Au départ, je n’aurais pas associé saint François à l’écologie. Mais je le considère aujourd’hui comme une figure de grande liberté, qui me touche beaucoup ».

Le cordon de François, symbole d’engagement collectif

Le 11 août au soir, une veillée proposait aux participants de regarder quels liens fraternels et quels liens à la Création pouvaient être abîmés dans leur vie quotidienne. La soirée s’est conclue par une procession puis une exposition du cordon de saint François, une relique apportée pour l’occasion à Paray-le-Monial par le Frère Eric. « Nous voulions partir de ce que chacun aurait entendu et vécu les jours précédents comme retournement dans son cœur, pour inviter ensuite les sessionistes à prendre un engagement dans les pas de saint François d’Assise », explique-t-il. Le cordon de saint François, symbole d’unité entre les frères, permettait ainsi de « rappeler que l’engagement pris par chaque participant doit s’appuyer sur celui des autres ».

« Ce qui m’a le plus touché, c’est de voir cette spontanéité avec laquelle les gens se sont levés pour rejoindre ce grand mouvement de mise en route derrière saint François. »

– Frère Eric Bidot, Ofm Cap.

La procession derrière la relique du cordon a été suivie par les quelques milliers de retraitants rassemblés sous la grande tente. Elle demeure dans les esprits l’un des points d’orgue de cette semaine. « Tout était très simple mais également très ajusté. Il y avait par exemple une grande croix sur l’estrade, et la relique de saint François disposée en contre-bas, sur une table. On comprenait que l’on suivait saint François, mais seulement dans la mesure où lui-même avait suivi le Christ », assure Jean-Régis Catta. « Petit à petit, tous les rangs |de la grande tente] se sont vidés, et c’est vrai que j’y suis allé aussi, car la formule était très forte : « Ceux qui veulent suivre le Christ dans le sillage de saint François sont invités à se lever pour avancer avec lui. » Pour moi, cet appel a eu vraiment du sens ». 

« La surprise, ça a été de constater que les trois-quarts de l’assistance se sont levés et ont accompagné la relique (…) avec une énergie magnifique. ‘Le fleuve d’eau vive’, c’est vraiment l’image qui m’est venue en tête en les voyant ! », témoigne de son côté Frère Eric. « Ce qui m’a le plus touché, c’est de voir cette spontanéité avec laquelle les gens se sont levés, pour rejoindre ce grand mouvement de mise en route derrière saint François. » Jean-Régis Catta poursuit : « Petit à petit, tous les rangs se sont vidés, et c’est vrai que j’y suis allé aussi, car la formule était très forte : « Ceux qui veulent suivre le Christ dans le sillage de saint François sont invités à se lever pour avancer avec lui. » Pour moi, cet appel a eu vraiment du sens ». 

Au lendemain de cette session, le Capucin est reparti à Paris avec une prise de conscience toute particulière : « La complémentarité du travail de la réflexion », incontournable pour mieux comprendre les enjeux spirituels de la crise écologique, et le « travail du cœur », qui permet de décider de s’engager personnellement et collectivement pour la transition écologique.